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IRRIGATION
09.12.2021

Polémique autour des "méga-bassines"

09.12.2021 -
Mise en cause par la FDSEA* dans son journal L'Union et par la Chambre d'Agriculture aux couleurs du même syndicat, la Confédération paysanne du Cantal tient à rétablir la vérité concernant son opposition aux méga-bassines en construction ou en projet dans l'Ouest (Deux-Sèvres, Charente-Maritime et Vienne). Face au changement climatique, la question de l'irrigation est trop importante pour laisser dire n'importe quoi.
 
 
La Fédé nous bassine... avec son agriculture industrielle

Mise en cause par la FDSEA* dans son journal L'Union et par la Chambre d'Agriculture aux couleurs du même syndicat, la Confédération paysanne du Cantal tient à rétablir la vérité concernant son opposition aux méga-bassines en construction ou en projet dans l'Ouest (Deux-Sèvres, Charente-Maritime et Vienne). Face au changement climatique, la question de l'irrigation est trop importante pour laisser dire n'importe quoi.

Tout d'abord, la motion en soutien aux bassines présentée par la FDSEA* lors de la Session Chambre d'Agriculture du 19 novembre tout comme l'article de L'Union du 10-13 novembre entretiennent la confusion entre ces méga-bassines et les retenues collinaires qui collectent elles, l'eau de pluie pour se remplir l'hiver. La différence est pourtant de taille ! Les bassines sont d'immenses bassins (1) construits dans des territoires de plaines, remplis par pompage dans les nappes phréatiques. L'eau du territoire se trouve ainsi confisquée par quelques-uns au détriment des autres agriculteurs et du reste de la population. Accepterait-on ici de voir nos sources tarir et le bétail manquer d'eau dans les prés, pour que certains arrosent leur maïs ?



D'autre part, il est navrant de voir la FDSEA* et la Chambre d'Agriculture mettre en avant « des projets de retenue (…) indispensables pour une agriculture durable ». Nous ne voyons aucune durabilité dans des systèmes agricoles qui ont drainé les plaines (et ainsi envoyer l'eau à l'océan) pour ensuite puiser dans les nappes phréatiques pour irriguer. On marche sur la tête ! Pour la Confédération paysanne, il faut commencer par restaurer les sols et les écosystèmes afin qu'ils maintiennent l'eau sur le territoire (plantation de haies, préservation des zones humides…). A voir les pratiques que défend la Chambre d'Agriculture FDSEA* au nom de la durabilité, on ne peut être qu'inquiet sur la réalité de leur Projet Départemental Agricole (présenté lors de la précédente Session Chambre) qui ne sera vert que dans les mots. Il est pourtant fondamental que l'agriculture cantalienne ne tombe pas dans le piège du développement des cultures irriguées (maïs), fuite en avant productiviste, à l'opposé d'une agriculture de qualité rémunératrice et à haute valeur ajoutée en phase avec ses prairies de montagne.

Si le discours vert cherche à cacher l'avancée d'un modèle prédateur, la légalité dont se pare la FNSEA* tout comme les différents ministres concernés ne tient pas non plus. La mobilisation du 6 novembre ayant regroupé plus de 3000 personnes à Mauzé-sur-le-Mignon (Charente Maritime) s'opposait à la construction et l'utilisation de 5 réserves (par l'ASAI des Roches) qui ont fait l'objet de nombreux jugements. Non, ces projets « ne cochent pas toutes les cases ». L'utilisation de ces bassines est illégale et les travaux de création ont été rendus illégaux a posteriori (2), comme ce fut le cas pour le barrage de Sivens, une fois le secteur déboisé... C'est pourquoi la Confédération paysanne assume le démontage de la pompe de la bassine de Cram-Chaban, alors que le droit est ignoré par le couple Etat-FNSEA*.
 

(Photo Serge Menini)

Nous ne sommes pas des « anti-tout », ni des casseurs. Ces attaques sont clairement mensongères et relèvent soit de l'ignorance, soit de la diffamation. Ce qui dérange nos détracteurs, c'est que nous proposons d'autres solutions face au changement climatique qui impliquent de délaisser un modèle agricole nocif pour la société, l'environnement et les paysans.

 

1 :  En moyenne, une bassine mesure 300m de large sur 400m de long, avec des digues de 2 à 3m de haut qui permettent une profondeur de stockage de l'eau jusqu'à 7 mètres. Le tout sur une surface de 7 hectares (source : France 3 Deux-Sèvres, « Dossier Bassines. Comment arroser quand il n'y a plus d'eau », 5/11/2019).
2 : Le dernier jugement concernant la bassine de Cram-Chaban et 4 autres datant du mois de juin 2018 dit ceci : « L'arrêté du 24 avril 2015 par lequel le préfet de la Charente-Maritime a autorisé l'ASAI des Roches à créer 5 réserves de substitution et à les remplir par prélèvement sur le bassin du Mignon est annulé. » Il fait suite à 5 autres condamnations et a été appuyé par un rapport de la Commission d'enquête diligentée suite à l'appel de ce jugement et rendu le 4 novembre 2021.
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