TAFTA : menace pour l'agriculture cantalienne
L'Union Européenne négocie actuellement, dans le plus grand secret, deux accords de libre-échange avec l'Amérique du Nord : le TAFTA avec les États-Unis et le CETA avec le Canada. Pour que les multinationales européennes puissent vendre leurs services, leurs voitures et leurs armes, l'agriculture pourrait devenir la monnaie d'échange.
Le pouvoir donné aux
multinationales
Grâce au mécanisme de règlement des différends, les multinationales pourront attaquer la Politique agricole commune (PAC*) et toutes les politiques publiques qui iront à l'encontre de leurs profits. Les aides agricoles de la PAC* seront attaquées pour concurrence déloyale.
De même, une collectivité territoriale ne pourra plus choisir ses entreprises locales, ses fournisseurs (les paysans pour la cantine scolaire par exemple). Les institutions craindront de légiférer de peur de se faire attaquer par une multinationale.
En somme, l'ensemble des normes sociales, sanitaires et environnementales, érigées pour le bien-être des populations, seront combattues comme des distorsions de concurrence.
Notre modèle agricole en danger !
Mise en péril des appellations
d'origine et des signes de qualité
L'UE* dispose de trois systèmes pour encadrer les produits agricoles et les denrées alimentaires de qualité : AOP* (appellation d'origine protégée), IGP* (indication géographique protégée) et STG (spécialité traditionnelle garantie).
Dans le cadre des Accords de Libre-Echange, ces trois systèmes sont mis en péril puisque les États-Unis et le Canada ne les reconnaissent pas. Dans les pays d'Amérique du Nord seule la marque privée dont l'entreprise est propriétaire est reconnue et protégée. C'est pour cette raison que les entreprises nord-américaines peuvent se permettre d'utiliser des termes comme champagne, feta, ou encore parmesan.
Déstructuration des filières agricoles : l'exemple de la filière viande bovine
La filière viande, particulièrement la viande bovine, serait très fragilisée par ces accords. Les modèles d'élevage de part et d'autre de l'Atlantique, les normes sanitaires, sociales et environnementales diffèrent fortement. Les coûts de production en UE* sont bien supérieurs à ceux de l'Amérique du Nord. Le modèle agricole productiviste, plus avancé dans les Etats nord-américains se développera très rapidement en UE* avec les conséquences que l'on connaît : désertification des territoires, perte d'emploi paysan, entrée des OGM, etc.
Sanitaire : plus de principe de précaution
En termes de maîtrise des risques sanitaires générés par l'agro-industrie, les États-Unis et le Canada, ont des politiques différentes. A la sortie de l'abattoir, les Etats-Unis et le Canada ont recours à la décontamination chimique de la viande pour la « nettoyer » de ses microbes. Les Etats-Unis et le Canada permettent également l'utilisation des antibiotiques ainsi que d'hormones pour accélérer la croissance des animaux alors que cette pratique est interdite en Europe.
Les accords de libre échange vont à l'encontre de l'agriculture paysanne. Les paysans américains et européens disparaîtront face à l'injonction de compétitivité généralisée. Nous ne pouvons, en aucun cas, laisser ces accords être ratifiés, pas plus que nous n'avons laissé passer les précédentes moutures du même projet, tels l'AMI (Accord multilatéral sur l'investissement) et l'ACTA (Accord commercial anti-contrefaçon).