Sortons le Cantal de la crise agricole !
Sortons le Cantal de la crise agricole !
La Confédération paysanne n'a cessé de le dire, la politique de libéralisation des marchés agricoles menée par l'État sous l'impulsion de la FNSEA* ne pouvait déboucher que sur une crise qui frappe et menace aujourd'hui la survie de nombreux paysans. Le désarroi des producteurs est grand, mais restons lucides ! Ceux-là mêmes qui ont appelé à manifester cet été ne cherchent qu'à sauver les apparences. Voyez plutôt cet accord sur le lait applaudi par le businessman Xavier Beulin alors qu'il savait pertinemment que les 340 euros/tonne négociés (accords du 3 août 2015) ne concernaient qu'une partie infime du lait toujours acheté aux producteurs français à des prix de misère. Et que dire du président de la FDSEA* du Cantal, P. Bénézit, ce grand défenseur de la cause paysanne qui luttait l'année dernière pour l'exclusion des aides à la vache allaitante des fermes de moins de 30 mères...
Cela dit, nous nous félicitons de voir aujourd'hui les responsables du syndicat de M. Beulin reprendre nos revendications : en demandant plus de régulation et une politique de prix rémunérateurs pour les paysans. « Des prix, pas des primes », c'est bien notre idéal. Sur le marché du lait, pour y arriver, il est nécessaire de réintroduire une certaine maîtrise de la production, pratiquement annihilée avec la fin des quotas (avril 2015). C'est le message que nous avons demandé à M. le Préfet de transmettre au ministre de l'Agriculture, à quelques semaines d'un Conseil Européen sur l'agriculture (le 7 septembre) dont les choix d'orientation seront cruciaux pour le devenir de nombreux producteurs de lait en particulier.
Nous manquons évidemment de prise sur la politique européenne. En revanche, c'est bien dans notre département que se prennent les décisions concernant l'AOP* Cantal, pierre angulaire de tout projet d'avenir pour les producteurs de lait de notre territoire. Alors qu'attendons-nous pour mettre en place une régulation des volumes à notre échelle et revaloriser de cette manière le prix du lait AOP* ? L'Europe le permet (au sein des AOP* exclusivement). Les représentants auto-désignés des producteurs au CIF (Comité Interprofessionnel des Fromages du Cantal) sauront-ils mettre en œuvre la maîtrise des volumes sur laquelle nous semblons tous coïncider aujourd'hui ?
En définitive, la crise actuelle montre clairement que nous arrivons au bout d'un système : celui du produire toujours plus pour gagner des marchés hyper-concurrentiels, qui souvent ne permettent pas la rémunération des producteurs endettés jusqu'au cou.
C'est d'autant plus vrai dans le Cantal, zone de montagne, qui peut difficilement rivaliser sur des productions standards. Il est urgent de changer de cap. Le Cantal a de nombreux atouts (environnement, typicité, etc.) pour valoriser sa production agricole… pourvu qu'on veuille le faire.